Ils s’appellent Valérie, Kévin, Chantal, Laurent, Hélène et aussi Sylvain ; ils ont entre 25 et 50 ans et enseignent dans le primaire depuis une à quinze années. Ils ont surtout en commun la passion de leur métier, et partagent des convictions sur la façon d’exercer leur mission, de transmettre plus que de « l’instruction » aux enfants qui leur sont confiés, pour en faire les citoyens de demain. « Ils », ce sont les adhérents du « GEM 01 », le Groupe de l’Ecole Moderne de l’Ain, qui se réunissent régulièrement pour échanger sur leurs expériences et leur actions. Adeptes de la méthode Freinet, ils mettent quotidiennement en pratique les principes de ce pédagogue, né en 1896 et à l’origine de toute une série de techniques pédagogiques, basée sur l’expression libre des enfants et concevant l’éducation comme un moyen de progrès et d’émancipation citoyenne. Laïc anticlérical, Célestin Freinet avait même créé une école privée en 1934, reconnue, en 1964, comme école expérimentale et devenue publique en 1991. Aujourd’hui, des visiteurs du monde entier viennent la visiter et s’inspirer des schémas didactiques qu’il a définis.
Une réussite similaire à la classe de Drom
Lors de leur dernière rencontre, une quinzaine d’entre eux se sont alors retrouvés dans la classe unique de Drom, en provenance du plateau d’Hauteville, de la Bresse, de la Dombe ou de la couronne lyonnaise. A l’ordre du jour, les enseignants ont commencé par regarder « C’est d’apprendre qui est sacré », un documentaire ou Delphine Pinson filme les premiers pas d’une classe Freinet. Néophyte à la recherche de l’école différente dans l’école publique, cette jeune enseignante suit, dans une petite école rurale « classique », en Dauphiné, le premier mois de Michel Duckit. Ce dernier pratique depuis plus de vingt ans une pédagogie personnalisée dans laquelle les apprentissages émergent directement du vivant. Pas à pas, les enfants plus ou moins audacieux s’emparent de ces espaces de liberté et apprivoisent l’initiative ; des étincelles pétillent alors dans leurs yeux. Ce film confirme alors avec humour et sensibilité qu’il est possible que chaque élève trouve sa place et s’épanouisse à l’école publique.
La suite du programme de la soirée était consacré aux échanges et aux réactions suscitées par cette expérience où beaucoup pouvaient se reconnaître ; particulièrement Sylvain Turpin, maître d’école de Drom, qui a amené progressivement tous « ses » Dromignons dans cette démarche.
Après un débat enrichissant et motivateur, il convenait aussi d’évoquer le prochain congrès national de l’ICEM (institut coopératif de l’école moderne) puisqu’il se déroulera, en 2017, région Rhône Alpes Auvergne et mettra à contribution le GEM 01.