Sylvain Turpin, maître d’école passionné

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Sylvain Turpin, l’instruction publique, mais pas que !

     Mardi 1er septembre, c’est la rentrée, la cinquième à Drom pour Sylvain Turpin. « Cette année, je suis le plus ancien de l’école », nous annonce alors fièrement ce trentenaire. Un petit retour sur ce doyen s’impose donc !

   Originaire d’un village du Cher, Sylvain a été impressionné par des professeurs du collège, qui ont confirmé son envie d’être enseignant, plus spécialement en histoire. Finalement, c’est à l’instruction primaire qu’il se destinera en passant par les sciences. Au printemps de Bourges, il rencontre Audrey, une Bressane, institutrice aussi (qui s’était juré de ne jamais épouser un autre enseignant ! ). Alors, pour se rapprocher de la Bresse, le Berrichon commencera sa carrière dans le Rhône, avec des postes de (longs) remplacements à Villeurbanne et à Feyzin. Mais, dans des établissements regroupant jusqu’à 12 classes élémentaires (et une dizaine de maternelles), ce rural vise un retour à la campagne (le printemps de Bourg, cette fois ? ) pour une petite école. Le poste de Drom se libère ; sans rien en connaître, il postule et sa candidature est tout de suite acceptée.

Des convictions profondes

  Entre-temps, le jeune « professeur des écoles » avait commencé à beaucoup se questionner sur sa fonction, ses missions. Livré à lui-même dans une classe unique, à la fois en charge de la direction de l’établissement, de sa gestion administrative, de la maintenance informatique, des relations avec les parents d’élèves, l’académie, la commune, le personnel extérieur, les fournisseurs et tous les partenaires de la structure, l’instituteur multi-tâches a dû apprendre à s’organiser différemment. Ses contacts et recherches l’ont amené à s’intéresser, puis à adhérer aux méthodes de la pédagogie Freinet, qui se base sur l’expression libre des enfants et leur participation, concevant l’éducation comme un moyen de progrès et d’émancipation citoyenne. « Il ne s’agit pas de faire la révolution, mais de modifier tous les ans deux ou trois petites choses » nous dit-il. Alors un fonctionnement coopératif est progressivement mis en place, où les Dromignons (les écoliers de Drom) gèrent les projets et la vie de la classe, se fixent des règles de fonctionnement, organisent leur plan de travail au cours de réunions régulières. Ils cultivent un jardin, participent à l’organisation de leur voyage annuel, interviennent même dans les achats de matériel. Un protocole est prévu et activé pour la gestion des conflits et l’accent est mis sur la communication : l’écriture n’est pas une contrainte sur un thème précis destiné à être lu et corrigé uniquement par l’enseignant, mais se fait « à la demande » et se partage, dans l’école et à l’extérieur. Des pages entières sont alors volontairement quotidiennement rédigées, qui sont même éditées et diffusées par internet. Après correction par le maître, les « pagettes » sont adressées aux familles, mais aussi à tout partenaire impliqué, et des échanges ont lieu avec d’autres établissements.

  A son niveau, Sylvain Turpin aussi échange avec ses confrères du « GEM 01 », le groupe de l’école moderne de l’Ain. Des rencontres mensuelles donnent ainsi l’occasion de mutualiser les idées, les expériences et les bonnes pratiques.

Des conditions idéales

  Convaincu que, en plus de l’instruction, il a un rôle à jouer dans l’enseignement de la démocratie, du vivre-ensemble, de l’accès à l’autonomie, et à la solidarité, Sylvain estime que « c’est une chance d’être en classe unique : les enfants s’adaptent à tout, ils discutent, ils interviennent, ils proposent, ils sont solidaires ; cela se ressent surtout lors des classes de mer : ils se gèrent et se prennent en charge, et lors de l’entrée au collège ».

  L’école fait partie du village, alors son journal est diffusé (« Le Dromignon« ), les enfants et le maître participent aux manifestations. Et Sylvain ne le prends pas comme une contrainte «c’est beaucoup d’organisation matérielle, mais je préfère faire deux fois plus d’heures à Drom que moins ailleurs ». En effet, si son planning officiel prévoit 27 heures hebdomadaires sur 36 semaines (dont 24 heures face aux écoliers), l’instituteur de Drom est présent de 7 h 30 à 17 h 30 tous les jours (à 12 h 00 le mercredi), plus nombre de « visites » pendant les petites et grandes vacances. Son école est d’ailleurs ouverte aux parents avec qui il entretient de bonnes relations : « si l’enseignant est impliqué, toute la communauté éducative s’implique ». La réussite de la mise en place des temps d’activité périscolaire en est une preuve, comme la labélisation « Eco école » de l’établissement, ou bien encore les demandes de familles extérieures pour venir à Drom, et les visites amicales des anciens élèves. Le maître d’école de Drom a alors «  le sentiment d’être utile à quelque chose : les gamins sont contents  d’aller à l’école, et les gens s’impliquent ». Il n’envisage alors pas de partir, mais il précise que, avec ses valeurs, « les conditions sont idéales à Drom ». A la prochaine rentrée, ce papa de deux enfants (bientôt trois ! ) accompagnera alors dans sa classe unique une génération entièrement « Turpinisée ».

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Plusieurs passages à l’école pendant l’été, pour préparer la prochaine année scolaire.
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Un fonctionnaire engagé, efficace et apprécié.

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