Un siècle de classe unique à Drom : un événement à fêter dignement !

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La mairie/école avant 1912

En 1925, les « deux écoles spéciales » de Drom sont fusionnées pour devenir « l’école mixte à classe unique » que l’on connait aujourd’hui . . . et qui se prépare à un deuxième siècle ?

   Auparavant, le premier bâtiment scolaire accueillait tous les élèves depuis 1840 (l’actuelle salle polyvalente). En 1885, il devient l’école des filles et le nouveau bâtiment (l’école actuelle) est pour les garçons. En 1904, l’école des garçons devient mixte, et celle des filles, classe enfantine.

   Depuis, le bâtiment n’a pas trop changé. Il s’est doté du poids public en 1912, puis d’un préau en 1912, agrandi en 1957.

  Il y a une trentaine d’années, Angèle (née en 1905) nous confirmait être allée d’abord dans l’école des « petits » avant d’intégrer la classe des grands, en passant par la porte actuellement située du côté sud du secrétariat, avec la cloche pour appeler les écoliers.

Modification de l’entrée

   Du temps de Monique, qui y a passé une dizaine d’années, entre 1937 et 1948, on entrait donc déjà par l’entrée de la cour « en rang, deux par deux, en se tenant la main, et il fallait montrer ses mains dessus et dessous : elles devaient être propres ! «  Entretemps, une horloge avait été installée au clocher (1938) : c’est alors la cloche de l’église qui signalait la rentrée.

   Le maître, Monsieur Chambard, écrivait des maximes sur des bandes, fixées sur les murs ; Monique se rappelle de « La grandeur d’un peuple se mesure a ce qu’il fait pour l’eau » ; un visionnaire, dix ans avant l’arrivée du réseau d’eau dans le village et la prise de conscience de ce bien commun, quelques décennies plus tard !

   L’enseignant avait jusqu’à huit niveaux à gérer, de la section enfantine jusqu’au certificat d’études.

Une deuxième centenaire

   Née en 1925, Suzanne Curnillon effectue une première année d’enseignement dans son village natal de Meillonnas, en sortant de l’école normale (il fallait alors commencer par un stage, un remplacement). Alors qu’elle aurait ensuite souhaité aller à Tahiti, elle est nommée à Drom où elle arrive le premier octobre 1948, devant 28 élèves. A la rentrée de Pâques, elle en aura 34, avec l’arrivée de bergers placés dans des familles d’agriculteurs (l’année suivante, l’effectif montera même jusqu’à 40) ; « ceux-là, certains étaient terribles, et parfois absents pour leur travail ; mais leurs hôtes étaient assez compréhensifs pour qu’ils ne manquent pas trop l’école ! De plus, en cas de bêtise, les familles ne soutenaient pas leurs rejetons ! « 

Une enseignante passionnée

   « La salle était très belle, le parquet venait d’être refait et les écoliers mettaient des pantoufles . . . mais l’appartement était sale ! » D’ailleurs l’appartement est à l’étage et au rez-de-chaussée, et la mairie à l’étage : les accès sont communs ! Elle assure aussi le secrétariat de la mairie. En 1950, Mademoiselle Curnillon « devient » Madame Soret.

Stressée par le certif ‘
  Devant gérer un emploi du temps très précis dans cette classe multi-niveaux, le dernier trimestre, elle garde bénévolement, le soir après l’école, les candidats au certificat, pour les préparer et les entraîner.  Elle s’en souvient encore :  » C’était le mercredi 21 juin 1950. J’étais angoissée, bien autant, sinon, plus que mes quatre candidats car je n’avais rien à faire pendant cette longue journée d’examen. Je n’osais pas en parler aux collègues chevronnés que je côtoyais et j’ai vécu des heures pénibles dans l’attente des résultats » Finalement trois sur quatre seront retenus, et le quatrième aura aussi son certificat lors d’une session ultérieure.

  A la rentrée 1954, elle retourne enseigner à Meillonnas où son mari a acquis une petite entreprise. Mais elle continue de venir assurer le secrétariat de la mairie pendant encore une dizaine d’année.

  Ayant effectué un stage à l’école ménagère agricole, à Brou, elle donne des cours à Simandre, puis participe à la création d’un centre ménager à Treffort avant de poursuivre sa carrière au Centre de promotion sociale de Bourg. Plus tard, on retrouve encore Suzanne lors de la création du musée du Revermont, à Cuisiat, où elle s’implique dans la reconstitution d’une salle de classe de la fin du XIXe siècle. Elle apporte aussi sa contribution à la revue « Chroniques de Bresse », dans un numéro consacré à l’histoire du Certificat d’études primaires élémentaires.

 

100 ans … d’avenir !

  Depuis, le bâtiment a connu des améliorations, les locaux de la mairie et du logement sont bien différenciés, en bas et en haut. Un service de garderie et de cantine a été créé en 2010 et l’établissement est labellisé Eco-école depuis 2013.

   L’école a connu de fortes inquiétudes quant à son maintien : en 2002, avec un effectif très bas, puis en 2007, avec une politique alors ruralicide. Mais ses résultats ont toujours prouvé sa pertinence et sa légitimité, au siècle du développement durable, corroborant les conclusions de plusieurs études et rapports diligentés par l’Education nationale, qui démontrent le bien fondé des petites structures à plusieurs niveaux. Ces soixante-dix dernières années, pas moins de huit enseignants passionnés se sont passés le relais au bénéfice de ceux que l’on appelle aujourd’hui « Les Dromignons » ; on peut ainsi citer, plus particulièrement, Danièle Perrin, de 1963 à 1993, Catherine Mercier, de 1993 à 2002 ou bien encore l’actuel titulaire du poste, Sylvain Turpin, depuis 2011.

Ca se fête !

   Dimanche 22 juin sera alors consacré à ce centenaire avec des expositions, des photos de classe des dernières décennies, des retrouvailles et encore d’autres animations en cours de préparation !

Institutrice à Drom, Suzanne Soret a aussi 100 ans en 2025.
De Monique (et son mari) à Inés, quatre générations de Dromniers sont passées par la classe unique, de mère en fille ou en fils (sur la photo : ses parents avant la "fusion")

En 1942, Monique avait même déjà épousé Paul à l’école !

1917 (avant la fusion) : on retrouve Edwige, la maman de Monique (1er rang, 4ème à partir de la gauche); Marcel, son papa (3ème rang, 1er à gauche) et, dans les grands, Angèle (dernier, rang, 2ème à partir de la droite, la plus grande)

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Cette publication a un commentaire

  1. Darmet Daniele ( Jacquemet)

    C’est super cet article avec ces témoignages, et les photos de la famille Bonnet sur plusieurs générations.
    Moi je pourrais parler un peu de la suite: l’arrivée de Madame Perrin, autour des années 60. Et de Martine Corretel ( Bonnet), enfin plus de Monique , sa soeur aînée,qui venait de Montmerle en vélo par tous les temps.