Covid oblige, St Thyrse ne sera pas célébré comme il se doit cette année dans sa bonne paroisse de Drom.
Alors, à défaut de « DROM en FETE« , intéressons-nous un peu plus au personnage !
Commençons en l’an 33 de notre ère, lors de la crucifixion du Christ. Avant de rendre son dernier soupir, ce dernier s’adresse à sa mère : “Femme, voici ton Fils., puis à son disciple, Jean : “Voici ta mère.” Dès cette heure-là, le disciple l’accueillit chez lui. ». Alors, l’apôtre Jean prend en charge la Vierge Marie ; il remplit aussi sa mission de propagation du christianisme et termine sa vie vers l’an 100, à Ephèse (actuelle Turquie). Un de ses disciples directs, Saint Polycarpe, premier évêque de Smyrne (actuellement Izmir, en Turquie) envoie quatre de ses élèves pour évangéliser la Gaule : Bénigne et Andoche, prêtres, Thyrse, diacre, et Andéol, sous-diacre.
Les nouveaux apôtres débarquent vers 167 à Marseille, puis remontent la vallée du Rhône jusqu’à Lyon où ils sont accueillis par Irénée et Pothin, issus, comme eux, de l’école de Smyrne. Ils demeurent quelque temps auprès de Pothin, premier évêque de Gaule. Andéol descend le long du Rhône et évangélise Carpentras, puis le Dauphiné et Bergoïate (Bourg-Saint-Andéol).
Bénigne, Andoche et Thyrse suivent le cours de la Saône et se dirigent vers Augustodunum (Autun) où ils reçoivent l’hospitalité de Faustus, noble citoyen de la ville, déjà chrétien.
Une fin tragique
Andoche et Thyrse se rendent à Saulieu, chez un ami de Faustus, Félix, riche négociant étranger, lui aussi originaire d’Orient. Dans sa maison se tiennent des réunions d’évangélisation. Le gouverneur de la province en a connaissance et en informe l’Empereur Marc-Aurèle, qui se dirige à cette période d’Autun vers Auxerre et Sens. Andoche, Thyrse et Félix sont arrêtés, interrogés par Marc-Aurèle, et finalement martyrisés à Saulieu le 24 septembre 178. (Bénigne connaitra le même sort l’année suivante).
Evangélisateur aux Conches
D’après l’abbé Gringoz, St Thyrse serait le premier évangélisateur du Revermont, sur la colline des Conches. Depuis l’empereur Néron, le culte chrétien étant interdit par l’autorité romaine, il fallait alors se cacher ! Or, la législation romaine protégeait les tombes et en garantissait l’inviolabilité (c’est ainsi que les chrétiens de Rome se réunissaient dans les catacombes). Pour pratiquer le culte, St Thyrse aurait donc aménagé une crypte dans le cimetière, sur la colline des Conches, et l’aurait dédié à la Vierge, dévotion transmise en direct, depuis St Jean, par Polycarpe : c’est le début de la dévotion à Notre Dame des Conches, sur la sainte colline. Au début du IVème siècle, un nouveau sanctuaire est construit plus au nord, qui connaitra plusieurs destructions et reconstructions. Au fil de ces vicissitudes, les habitants du nord de la colline sont descendus dans la vallée pour fonder Drom, qu’ils placent sous la protection de St Thyrse.
Des origines plus anciennes ?
Un thyrse est aussi un bâton surmonté d’une pomme de pin et entouré de pampre et de lierre ; on trouve cet instrument entre les mains de Bacchus, auparavant vénéré sur la colline. Les antiques peuples païens louaient leurs dieux après les récoltes (foins, moissons, vendanges) au début de l’automne ( le peuple juif pratique aussi une fête semblable, à la même époque de l’année).
On remarque aussi que le retable nord de l’église de Drom est encadré par deux thyrses. Sachant que les rites chrétiens ont souvent supplanté des pratiques païennes, il n’y a pas un grand pas à franchir pour conclure que la fête de Drom trouve des lointaines origines dans la célébration de la fin des récoltes, en ce pays de vignes . . .
Mais ces hypothèses n’engagent, bien sûr, que leur auteur !