Paysan investi dans la vie locale Maurice Bonnet s’en est allé

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Un sourire complice s’est éteint

  17 avril 1940 : c’est la guerre un peu partout dans le monde ; la France est entrée dans le conflit il y a sept mois. Parmi les nombreux soldats appelés, Marcel Bonnet a été arraché à son exploitation agricole à Drom pour aller combattre.

   Dans son village, à Drom, Angèle, son épouse, met au monde son fils, Maurice. C’est leur quatrième enfant, ce qui occasionne le retour de son père au foyer (Maurice lui aura peut-être évité de partir pour Narvik !)

   Avec ses trois grandes sœurs, Maurice grandit ainsi à la ferme, où il fait sa part de travaux et apprend le métier de ses ancêtres. Il fréquente l’école de Drom, puis aussi l’institution St Louis, à Bourg. Là, il est pensionnaire et ne rentre pas souvent à la maison : son père ne va à Bourg qu’une fois par semaine, et il lui arrive de rester plusieurs jours consécutifs à la pension, alors qu’il n’y a pas école ! L’adolescent est frustré par cet éloignement.

   Il vit l’époque de la formidable évolution du machinisme agricole et se passionne pour la mécanique. Observateur, bricoleur, curieux et ingénieux, il n’a aucun souci pour réparer une machine, fabriquer une pièce de rechange, voire créer un nouvel outil à partir de pièces de récupération !

  En mai 1960, il vient d’avoir 20 ans : c’est le temps du service militaire. Direction la Lorraine : il est incorporé à Nancy. Depuis 6 ans, on se bat en Afrique du Nord ; Maurice fait alors partie des contingents envoyés en Algérie. Devenu Caporal-chef à Colomb Bechar, il sera démobilisé fin octobre 1962.

   Dès son retour du service militaire, et comme, avant lui, son père, son grand-père et les générations précédentes, il intègre en janvier 1963 la compagnie de pompiers qui veille depuis un siècle sur son village. En avril 1971, il fait partie des fondateurs de l’amicale dont il se voit confier la présidence : c’est le début d’une nouvelle ère pour la fête de Drom, avec les tartes dont la réputation se perpétue de nos jours. Il y sera très actif pendant 33 années.

   Au conseil municipal aussi, il suit la trace de ses aînés : il est élu de 1971 à 1989. Là encore, il ne compte pas ses heures au service de la collectivité : il connait le réseau d’eau et n’hésite pas, en cas de problème, de fuite, à empoigner la pelle et la pioche à toute heure du jour ou de la nuit, quel que soit le temps, quelle que soit la durée de l’intervention.

   A la coopérative de fromagerie, encore, il s’investit dans le conseil d’administration, assurant, un temps, la présidence de la structure.

   . . . tout en continuant son métier de paysan, en faisant évoluer l’exploitation, en construisant un nouveau site, plus fonctionnel, à l’extérieur du village.

   Le 10 juillet 1965, il épouse Renée, du village voisin. Arriveront alors Eric, puis Christophe, et enfin Cécile pour agrandir le foyer.

   Ce n’est jamais simple de cumuler les traites et la fête, les vêlages et les mariages ! Mais, malgré ses contraintes professionnelles, Maurice est un compagnon fidèle, jovial, recherché et apprécié dans les fêtes. Personne n’oubliera son coffre et sa voix : « Qu’est-ce qu’on a fait des tuyaux », « Le bikini », « Si tu vas à Rio », « Le temps des cathédrales » pour ne citer que ceux-là, sans oublier « Le Piton de la côte », bien sûr !

   Râleur comme un bon paysan (« Tant qu’on se plaint, c’est que ça va ! » disait-il parfois), il ne savait jamais – non : jamais – refuser un service, une demande d’aide, un prêt de matériel . . .  même s’il n’en a pas toujours retiré le minimum de reconnaissance qu’il lui aurait légitimement été dû.

   Par contre, il lui était très dur de demander de l’aide ; gêné quand il acceptait un service, il se sentait tellement redevable pour le moindre coup de main, si infime soit-il !

   Maurice a connu les joies et les satisfactions de tout homme. Un de ses fils a repris l’exploitation, a continué à la moderniser, à l’adapter aux nouvelles conditions.

   Mais il n’a pas, non plus, été épargné par les épreuves. Après des mois de lutte contre une terrible maladie, Renée, son épouse, infatigable collaboratrice à la ferme et à la maison, le quitte, le 03 janvier 1995 : Maurice ne s’en remettra jamais.

   Puis le petit frère voit ses sœurs partir les unes après les autres : Denise et Lucette, après une diminution de leur état, et Jeannine, subitement. Jeannine qui était, quelque part, sa conseillère (Tatan Météo ! ), et, tous les étés, une précieuse auxiliaire, tout particulièrement pour les foins, qu’elle ne manquait jamais.

   Encore une période qui le marque encore un peu plus.

   Comme beaucoup d’entrepreneurs, comme presque tous les paysans, il ne lâche pas facilement le tracteur et seconde Eric tant qu’il le peut, alors qu’il aurait pu, alors qu’il aurait dû, profiter un peu plus, profiter un peu mieux, de ses dernières années.

   C’est sa santé qui le contraindra à abandonner le travail de la terre, les soins aux bêtes, affectant encore plus son moral.

   Entouré de l’affection de ses enfants, bien désemparés par les carences des services de soins et d’accompagnement, Maurice est parti rejoindre ses sœurs et retrouver sa Renée . . . le jour anniversaire de leur mariage.

Indispensables lors de rencontres conviviales : les chansons de Maurice
Avec . . .
. . . ou sans micro, ni musiciens !

Maurice est parti rejoindre ses soeurs . . .
. . . après avoir reçu les honneurs de la FNACA et du CPI de DROM

 

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