Animation inhabituelle ce samedi au tunnel de Drom : quelques costumes, voire cravates et talons, côtoyaient les coutumières tenues décontractées, avec bottes et casques de spéléo. Il convenait, en effet, d’inaugurer un nouvel aménagement : un escalier permettant l’accès au tunnel en toute sécurité. Après la visite du tunnel par un tout petit groupe, un rappel historique était fait sur cette curiosité du XIXème siècle, creusée pour remédier aux catastrophiques inondations dans la vallée et devenue, en tout juste deux décennies, un lieu de randonnée aux vocations touristiques, ludiques et éducatives. Créée en 2001, l’AGEK (association de gestion des espaces karstiques) est devenue référente du milieu karstique en Revermont et Bugey ; elle organise, entre autres, des visites du tunnel, pour les scolaires, puis dans le cadre des animations estivales. Avec l’explosion du nombre de visites, tant individuelles qu’organisées (jusqu’à deux mille personnes estimées par an), l’association souhaitait formaliser un partenariat avec les communes concernées pour bien définir les modalités de gestion du site, de conditions d’accès et de responsabilités. Une convention était alors signée le 27 juin 2015 entre les communes de Drom (initiatrice de cet ouvrage), Ramasse (où se situe l’entrée) et Villereversure (pour la sortie). Philippe Vermeil, président, rappelait alors tout le confort déjà ressenti depuis l’installation de l’escalier en août 2016. En remerciant les trois maires, il saluait aussi chaleureusement son constructeur, Gilbert Amaro, par ailleurs ancien spéléo qui a consenti un prix défiant toute concurrence. Revenant à 5 000 €, ce nouvel équipement a reçu des aides financières du département et du SMISA (Syndicat Mixte Interdépartemental du Suran et de ses Affluents).
Un peu d’histoire
De par sa configuration karstique, l’histoire de la vallée sèche de Drom n’est qu’une succession dramatique de sécheresses et d’inondations. En 1852, Hyppolite Gouilloux, maire de Drom, demandait aux services de l’Etat d’étudier le moyen de creuser un tunnel du point bas de la vallée en direction des « sources intermittentes de Rochefort » (à Villereversure, dans la vallée voisine du Suran) lesquelles ne coulaient que lorsque la vallée de Drom était inondée. Après bien des démarches, puis des essais insatisfaisants de puits, le creusement d’un tunnel était engagé en 1859, mais dans une version « courte » pour en diminuer les coûts ; version qui nécessitait d’autres travaux de surface en amont : l’aménagement d’un canal vers l’entrée du tunnel. Sur un coût total de 106 585 francs, l’Etat en finança 93 200 et la préfecture 4 000. Le reste fut pris en charge par la commune de Drom « tant par impositions extraordinaires, journées volontaires, prestations, etc. » (son budget annuel était alors d’environ 3 000 F.).
Le tunnel terminé (en 1869), le maire entrepris de nouvelles démarches pour faire réaliser le canal amont. Mais la guerre de 1870 vient annuler ce dossier. Toutefois, grâce à une faille traversée dans sa percée, l’ouvrage remplit partiellement son office. En partie ébranlée, la sortie est réparée en 1901 et complétée par un tube métallique en 1963.
En 1994, l’entrée du tunnel, passablement effondrée et presque bouchée, est restaurée par la commune de Drom. En 1996/1997, le canal est réalisé, sur le tracé imaginé en 1869 : le niveau des inondations est désormais maîtrisé.
L’escalier vient en complément des échelons scellés dans la paroi rocheuse :
La chauve-souris veille sur l’entrée : « TUNNEL D’ASSAINISSEMENT DE LA VALLEE DE DROM. Commencé en 1855 – Terminé en 1869. Les travaux ont été exécutés par le service des Ponts et Chaussées aux frais de l’Etat et de la Commune de Drom qui, sous l’administration de M. Gouilloux Maire, a fait les plus grands sacrifices pour concourir à cette oeuvre d’utilité publique.«
Un petit tour à l’intérieur :
Après une découverte au sommet (le site médiéval de Monchatel), Sébastien Calland, de l’Office de Tourisme Bresse Revermont, en fait une autre en sous-sol : une traverse qui supportait les rails des wagonnets pendant la construction (1859 – 1969) :
Une précision utile :
Un jour j’aimerais oser ce passage aussi avec mon copain Jean-Claude. Il connait un tunnel chez nous à Passau qui servait pour la déviation du bois (troncs) qui était transporté sur la rivière de l’Ilz, pour éviter le passage d’un village (Hals). Aujourd’hui c’est aussi une curiosité touristique- à traverser sans bottes.